• Une instite "rapatriée".

    Etant institutrice près de Constantine,

    A la Toussaint cinquante-quatre vous vîtes

    Des coups de feu, des gendarmes, des hommes fuir,

    Et de cela vous ne pouvez vous rendre libre.

     

    Tout cela avait commencé près de Sétif,

    Quand un autocar avait été pris d’assaut

    Par des « fellaghas » qui tuèrent sans raison

    Beaucoup de passagers, dont un couple d’instits.

     

    Les parents de votre mère étaient d’ Algérie,

    Où vous vous senti-ez bien, dans votre pays,

    Que vous partagi-ez  avec les indigènes,

    Et ils étaient pour vous presque comme des frères.

     

    Vous dirigi-ez une école qui avait

    Deux bâtiments, le premi-er était en dur,

    L’autre était  à l’ écart, et en préfabriqué.

    Vous avi-ez douze classes à diriger.

     

    Votre mari parlait très bien la langue arabe,

    Il avait été avec tous bon camarade.

    Votre maison n’a jamais  été attaquée,

    Les fellaghas savaient bien ce qu’ils vous devaient.

     

    Jamais attaquée, mais parfois inqui-étée,

    Comme cette fois où une de vos élèves

    Avec son oncle  fut invitée à aller

    Au chevet de son père car il se mourait.

     

    Mais vous avi-ez sa responsabilité !

    Il vous a bien fallu finir par accepter,

    L’angoisse qui fut la vôtre la nuit d’après,

    Nous pouvons très facilement l’imaginer.

     

    Ou bi-en cette fois à la fin de la guerre,

    Quand par milliers les arabes vous accusèrent,

    Vous les Français, d’avoir tenté de supprimer

    Des petites filles en les ayant vaccinées.

     

    Vous aviez pourtant précédemment insisté

    Afin que pour chacune d’entre elles les règles

    En vigueur fussent absolument respectées.

    Ce fut injuste et dur alors d’être accusée !

     

    En soixante-deux vous avez  plié bagage,

    On vous trouva un poste d’ instit à Roanne.

    Mais les enfants étaient vraiment insupportables,

    Impossible de faire silence à sa place.

     

    Aussi avez-vous pris vite votre retraite,

    Il vous fallait du temps pour soigner votre mère.

    Certes le pays vous a bien réintégrés,

    Mais il ne vous a pas compris, oh çà jamais.

     

    Et maintenant que les archives vont s’ouvrir,

    On verra bien que vous n’étiez vraiment pas

    D’affreux colonialistes, injustes et racistes,

    Vous vouli-ez seulement une vie normale.

     

    Vous n’avez jamais voulu revenir au bled,

    Pourtant vous y avez vos souvenirs, vos morts,

    Il vous faut espérer que les cimeti-ères

    Soient là-bas respectés et laissés en repos.

     

    Vous avez deux petit-fils, le second vous ressemble,

    Toujours inqui-et, et très appliqué.

    Il finit Médecine. L’autre est fantasque,

    Touche à tout, espiègle, original.

     

    Votre mari est mort il y a quelques années,

    Il était parti faire ses courses aux marchés

    D’Antibes. sur sa mobylette on l’a aperçu

    Devant un étalage dans une rue,

     

    Vous avez été appelée, il était mort d’un coup.

    Pour sa mémoire, nous avons passé le CD

    De  la chanson qu’il adorait  :

    « Baisse un peu l’abat-jour ».


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