• La joie dans la foi.

     

    Je regardais par le hublot, en essayant d’être discret.

    Madame X me fit un sourire, je rentrai.

    Elle me pria de m’asseoir.

    Elle pouvait avoir une soixantaine d’années,

    Et était couchée sur son lit, peu vêtue de linges blancs,

    Elle n’avait pas froid.

     

    Je lui demandai si, arrivée de la veille, elle appréciait la maison.

    Oui, me dit-elle, et la voilà partie sur sa maladie,

    Dont elle me parla avec forces détails, ce qui n’est pas courant.

    « J’ai une maladie très spéciale, une sorte de leucémie.

    Ma moëlle épinière ne fabrique plus de globules blancs et rouges,

    Ni des plaquettes. »

    (Je ne sais si la moëlle épinière fabrique tout cela, mais là n’est pas le point).

    « Il faut souvent me transfuser,

    Mais cela ne suffit pas, je suis très fragile.

    Et depuis quelques temps, j’ai un cancer dans le haut des cuisses,

    Regardez, on m’a mis des pansements serrés… »

    En effet, les hauts de ses deux cuisses étaient couverts de pansements.

    « Je crois que je suis ici pour finir ma vie »

    Dit-elle, mais son ton n’était pas triste.

    « Je crois qu’après la mort, il y a quelque-chose,

    Et je suis tellement heureuse d’avoir la foi !

    Il faut le dire, j’ai la foi du charbonnier !

    J’ai beaucoup d’amies, qui viennent me voir ici,

    Quelques-unes font partie de ma chorale,

    Dans ma paroisse à Versailles.

    Je sens que toutes ces amies prient pour moi,

    Je le ressens comme une force qui me pousse, qui m’encourage ! »

     

    N’étant pas un adepte de la foi du charbonnier,

    J’admirai tout de même la sérénité de cette dame,

    Qui avait un ton que je qualifierais de joyeux,

    Alors qu’elle allait mourir, et le savait !

    Et comment serai-je, moi ?

     

    «Et puis il y a ma sœur, et mes neveux et nièces.

    Nous avons une famille très unie.

    Je ne pourrai pas fêter Noël avec eux,

    Mais il est prévu que je puisse sortir

    Le 28 Décembre, nous nous retrouverons tous au restaurant.

    J’en suis toute heureuse à l’avance ! »

     

    Je la quittai, pour  voir d’autres malades.

    La semaine suivante, j’appris qu’elle était morte le 23 Décembre.

    Je ressentis une fois de plus ce côté implacable, sans pitié, de la mort :

    Elle ne tient pas compte des agenda !

     

     


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