• "Prière du soir".

    Il faisait encore chaud en ce début de soirée.

    Vous fixiez le mur en face de votre lit, et éleviez doucement vos mains, puis les rabaissiez. Je frappai à votre porte. Vous ne pouviez répondre, mais votre main gauche m’a fait signe d’entrer.

    Vous n’étiez pas bien âgée, tout au plus cinquante ans.

    Nous sommes restés un moment yeux dans les yeux. Vous aviez des yeux noirs, et votre regard indiquait que vous étiez bien présente. J’avais compris que vous ne pouviez pas parler facilement, et je ne voulais pas vous fatiguer. Peut-être qu’une simple présence suffirait ?

    Au bout d’un moment, vous avez porté votre main droite à votre front, puis sur votre sternum, puis sur l’épaule gauche, puis…. Ca y’est j’avais compris, vous me signifiiez que vous vouliez prier.

    Pour clarifier la situation, je vous affirmai que je n’étais pas un prêtre. Cela n’a pas eu l’air de vous intéresser.

    Il n’est pas dans mes attributions de « faire prier » les malades, pour cela il y a les bénévoles d’aumônerie. Mais un bénévole se doit toujours d’essayer de répondre au désir du malade.

    J’hésitai. Je ne me voyais pas réciter des « Pater » et des « Ave » à la chaîne. Après quelques instants, je vous proposai de lire des psaumes à haute voix, l’expérience montre qu’ils ont, s’ils sont bien choisis, un effet apaisant. Vous me fîtes un signe d ‘acquiescement, et j’allai chercher une Bible.

    Je lis un premier psaume, le 23(24) « Le Seigneur est mon berger »,  qui est rassurant, bien qu’il parle aussi de la mort. Vous écoutiez, sans rien manifester, mais vous étiez visiblement présente. Je vous en proposai un second, puis un troisième.

    Ensuite, vous avez remis votre main droite sur votre front, puis sur le sternum, puis…. La prière était finie.

    Je vous ai proposé de vous signaler à l’aumônerie. Vous avez dit tout bas quelque chose. J’ai approché mon oreille : « Je ne peux pas parler ». Je vous dis alors qu’il y avait aussi la possibilité de sacrements… Visiblement il ne fallait pas insister. Il fallait même quitter la chambre pour vous laisser vous reposer, avec un grand merci.

     Cette me rappelait la prière du soir quand j’étais petit


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