• Une vie à son extrême fin.

     

    Les soignants l’ont installé sur le dos,

    Mains posées sur le drap,

    Dossier légèrement relevé,

    Et porte grande ouverte.

     

    Il aspire bruyamment par la bouche,

    Ses yeux sont fixes, mais il ne peut fixer,

    Entend-il les mots que je lui dis ? Non, probablement.

    La trachée râcle, souffre-t-il ?

     

    La respiration s’arrête, est-ce fini ?

    Mais non, cela reprend, il reste un fond de vie !

    Je glisse ma main sous sa main,

    Peut-être sent il mieux ainsi ma présence,

    Qu’il n’est pas seul au bout de son chemin.

     

    Je le regarde dans les yeux,

    Même s’il ne me voit pas,

    Guettant un signe de sa part, qui ne viendra sans doute pas.

    Ma main le gêne-t-il ?

     

    Etait-il marié, père, grand-père, célibataire,

    Comment a-t-il passé la guerre,

    Etait-il professeur, ouvrier, fonctionnaire, homme-d’affaires,

    Savait-il aimer, ou n’était-il que haine ?

    Et quelle relation avait-il avec Dieu,

    A l’heure de partir, quel bilan peut-il faire ?

     

    Toutes ces questions,

    J’aime me les poser, même s’il ne peut répondre

    (et s’il pouvait, je ne les poserais pas,)

    C’est ma façon d’être avec lui.

     

    Oh tous ces souvenirs, toute cette expérience, toutes ces sensations

    Qui disparaissent !

    Et combien d’enfants, de petits enfants il laisse ?

     

    On ne m’a pas, cette fois, demandé de l’accompagner jusqu’à sa mort,

    Qui peut arriver maintenant, mais peut-être aussi dans plusieurs jours.

    Je le quitte donc, pour voir d’autres malades,

    Je reviendrai peut-être le visiter plus tard ce soir.

     

     


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